ACHATS ET MATÉRIAUX
Les Règles d’achat du CERN visent à faire en sorte que l’acquisition de fournitures, de services et de commodités soutienne la mission scientifique de l’Organisation tout en respectant les principes de transparence, d’impartialité, d’efficacité et de durabilité.
Le CERN achète un grand nombre de matériaux, biens, services et commodités à des fournisseurs de ses États membres et États membres associés pour répondre à ses besoins opérationnels et permettre le développement de son infrastructure.
LES ACHATS AU CERN
Le CERN s’efforce d’assurer des retours équilibrés à ses États membres et États membres associés et privilégie la mise en concurrence afin d’optimiser l’utilisation de ses ressources, en mettant l’accent sur la collaboration avec les fournisseurs pour favoriser l’innovation et le respect des normes environnementales.
En 2023 et 2024, le CERN a dépensé respectivement 573 MCHF et 612 MCHF pour ses achats de biens, services et commodités. Les achats représentent environ 90 % du total des émissions de champ 3 de l’Organisation (voir Émissions).
ACHATS RESPECTUEUX DE L’ENVIRONNEMENT
Pendant la période concernée par ce rapport, l’Organisation a adopté une politique pour des achats respectueux de l’environnement en parallèle d’une stratégie de mise en œuvre, toutes deux approuvées en 2023 par le Directoire élargi. Le projet correspondant (CERP3), lancé en 2021, a instauré des leviers organisationnels et techniques pour des achats durables, l’objectif étant d’intégrer des pratiques écoresponsables dans les procédures d’achat en faisant participer l’ensemble des acteurs de la chaîne d’approvisionnement.
Par ailleurs, en 2024, l’Organisation a publié le Code de conduite des fournisseurs, qui définit ses attentes envers ses fournisseurs et les principes qu’ils doivent respecter, pour des pratiques commerciales éthiques, durables et responsables. Pour pouvoir devenir partenaire commercial du CERN, chaque fournisseur doit adhérer à ce Code. Le CERN teste également un outil d’évaluation de la diligence des fournisseurs en matière de durabilité, afin de privilégier ceux qui ont une bonne performance environnementale. Par ailleurs, des informations relatives au degré de maturité des fournisseurs actuels et potentiels ont été collectées, et l’intégration de critères environnementaux dans les études de marché et les appels d’offres a été évaluée.
La mobilisation des acteurs internes et le renforcement de leurs capacités sont un important levier de la mise en œuvre de la Politique du CERN pour des achats respectueux de l’environnement. Afin que le personnel de l’Organisation se familiarise avec cette politique, une formation générale en ligne sur l’impact environnemental des achats et la mise en œuvre de la politique conformément à la norme ISO 20400:2017 (Achats responsables) a été dispensée, et une autre, plus spécifique, a été élaborée pour les responsables des achats. Un atelier interdépartemental pilote sur l’intégration de pratiques écoresponsables aux achats, réunissant le service des achats et les services du campus et de la chaîne d’approvisionnement, s’est tenu en 2024, ouvrant la voie à de futurs ateliers destinés à diffuser les connaissances et les bonnes pratiques dans toute l’Organisation.
En 2024, le CERN a lancé une enquête auprès des fournisseurs responsables de 80 % des émissions de champ 3 afin de collecter des données sur leur performance environnementale, notamment sur leur stratégie de décarbonation (voir Émissions). Des actions ont été lancées en 2025 pour les catégories d’achats les plus émettrices et un examen est prévu à la fin de l’année. Ces mesures ouvriront la voie aux futures décisions concernant une meilleure intégration de la durabilité dans les procédures d’appel d’offres.
En intégrant la responsabilité environnementale à ses pratiques d’achat et en impliquant ses fournisseurs dans cette démarche, le CERN veut favoriser des achats plus durables dans des environnements de recherche complexes et partager son expérience avec ses instituts partenaires. Il faut certes du temps pour intégrer de tels changements, mais ces efforts reflètent l’engagement pris par l’Organisation de réduire son impact sur l’environnement tout en favorisant la coopération avec sa chaîne d’approvisionnement.
GESTION DES MATÉRIAUX
Le présent rapport aborde pour la première fois les pratiques de gestion des matériaux du CERN. Les besoins du Laboratoire sont étroitement liés à ceux de la recherche et des infrastructures scientifiques de pointe, qui nécessitent des matériaux d’une qualité exceptionnelle et aux caractéristiques uniques. Aussi, trouver l’équilibre entre ces exigences et des pratiques d’achat éthiques et respectueuses de l’environnement est un défi de taille. La gestion des matériaux consiste à optimiser l’utilisation de matières essentielles (métaux, hélium, etc.) et à favoriser le recours aux ressources recyclées ou secondaires pour limiter l’impact sur l’environnement et les droits humains tout au long du cycle de vie des matériaux.
DES MATÉRIAUX DIVERS POUR DES EXIGENCES COMPLEXES
Les activités du CERN nécessitent des matériaux divers :
- des métaux d’une grande pureté (cuivre, niobium et titane), essentiels à la construction des aimants et autres éléments des accélérateurs de particules ;
- des matériaux de construction (béton, acier) pour les tunnels, le blindage et l’infrastructure ;
- des composants électroniques et des dispositifs électroniques de pointe (détecteurs au silicium et semiconducteurs radiorésistants) pour la détection de particules et d’autres systèmes ;
- des gaz cryogéniques (hélium liquide, azote) pour refroidir les aimants supraconducteurs et d’autres systèmes, ainsi que des gaz pour le refroidissement des détecteurs et la détection de particules (voir Émissions).
En 2023-2024, les modalités d’achat de ces matériaux ont été examinées afin de cartographier leurs flux, de déterminer comment améliorer leur traçabilité et d’évaluer leur impact. Cette démarche repose sur les contributions de groupes spécifiques visant à orienter le choix des matériaux, tels que les métaux, les câbles, les connecteurs et les technologies du vide (voir Pour aller plus loin). Le Code de conduite des fournisseurs du CERN met l’accent sur les pratiques respectueuses de l’environnement, encourageant les entreprises à privilégier un approvisionnement responsable et des ressources recyclables, et à limiter les substances dangereuses.
Par ailleurs, le CERN intensifie sa collaboration avec ses fournisseurs pour améliorer les données relatives aux matériaux recyclés et ainsi augmenter la part de ces derniers et réduire le gaspillage. Il compte également mettre au point des processus visant à améliorer la traçabilité des matériaux tout au long de leur cycle de vie et déployer des projets pilotes pour intégrer les matériaux recyclés et secondaires aux contrats d’achat.
PRINCIPAUX MATÉRIAUX ET DURABILITÉ
Les efforts visant à améliorer la durabilité des activités ciblent principalement les matériaux suivants :
- Hélium : produit dérivé du gaz naturel liquide, non renouvelable et dont l’approvisionnement dépend de sources de combustibles fossiles finies. Des systèmes cryogéniques optimisés en termes d’étanchéité à l’hélium sont à l’étude ; le but est d’améliorer les activités en limitant les pertes, tout en explorant des sources d’approvisionnement alternatives et en réduisant la dépendance aux fournisseurs.
- Azote : gaz naturellement abondant dans l’air ambiant, dont la forme liquide utilisable à des fins industrielles nécessite des processus gourmands en énergie. Les fournisseurs d’azote liquide du CERN sont situés en France. La consommation d’azote liquide du CERN s’inscrit dans le cadre de sa stratégie globale de gestion des énergies, qui respecte la norme ISO 50001 (voir Énergie).
- Métaux, matériaux de construction et composants électroniques : finis, ces matériaux sont toutefois hautement recyclables. Le CERN s’est engagé à augmenter l’utilisation de matériaux recyclés, à favoriser l’économie circulaire et à améliorer la traçabilité avec l’aide de ses fournisseurs.
D’autres études sont en cours afin d’évaluer le pourcentage de matériaux recyclés actuellement utilisés et d’augmenter cette part. Cette démarche témoigne de la volonté du CERN de rendre plus durable chaque aspect de ses activités.
Le tableau ci-dessous montre les quantités des principales matières premières, y compris des gaz (hélium et azote), métaux, plastiques et bois, fournies au CERN en 2023-2024. Les volumes varient d’une année sur l’autre, en fonction des besoins de l’Organisation.
| Matériel | 2023 (tonnes métriques) | 2024 (tonnes métriques) |
|---|---|---|
| Renouvelables | ||
| Bois | 6,8 | 5 |
| Non renouvelables | ||
| Gaz | ||
| Hélium | 31,8 | 30,5 |
| Azote | 6 264 | 8 240 |
| Métaux | ||
| Aluminium, alliages d’aluminium | 47,7 | 44,3 |
| Cuivre, alliages de cuivre | 50,1 | 40,8 |
| Fer | 1 | 1,2 |
| Alliages de nickel | 1,4 | 1,1 |
| Acier inoxydable | 251,4 | 111,6 |
| Acier | 67,1 | 56,9 |
| Titane, alliages de titane | 0,008 | 0,03 |
| Tungstène | 0 | 0,71 |
| Plastiques | 10 | 9 |
POUR ALLER PLUS LOIN
Leila Akhouay est spécialiste du référencement des matières premières métalliques au sein du groupe Services et chaînes d’approvisionnement. Ana Teresa Perez préside le Sous-comité de normalisation technique pour les matières premières métalliques.
– Quelle est l’approche du CERN en matière d’achat de matières premières métalliques ?
LA : Une équipe de référencement est chargée de coordonner sur le long terme les achats de matières premières métalliques essentielles. Elle veille à maintenir un accès facile à des métaux conformes aux normes industrielles, ainsi qu’à des matériaux spécifiques nécessaires aux installations uniques du CERN.
Notre priorité est d’avoir un stock de matériaux entièrement traçables, notamment grâce à des certificats d’origine garantissant leur qualité et leur conformité. La collaboration et la communication sont au cœur de nos processus. Nous coopérons étroitement avec les utilisateurs finaux, les ateliers sur site, les experts techniques et nos fournisseurs de confiance pour nous procurer des métaux spéciaux, tels que du cuivre, de l’acier inoxydable austénitique, de l’aluminium et du titane d’une grande pureté.
Les environnements exigeants du CERN, notamment l’ultravide et le vide poussé, les rayonnements et les conditions cryogéniques, nécessitent des métaux spéciaux. Cela signifie non seulement acheter des matériaux de grande qualité, mais aussi effectuer des contrôles qualité rigoureux tout au long du processus de fabrication. De la sélection des matières premières à la livraison finale, nous surveillons étroitement chaque étape (forgeage, laminage, pré-usinage, traitement thermique, etc.) pour nous assurer que chaque produit respecte nos spécifications techniques.
Nous recevons également des demandes spéciales de nos utilisateurs, nécessitant avis d’experts, inspections et échanges avec les fournisseurs afin d’assurer la qualité du produit. Cette approche permet de garantir une cohérence, de limiter les non-conformités et d’anticiper les difficultés d’approvisionnement en cas de commandes à grande échelle. Nous optimisons aussi les achats en regroupant les besoins et en limitant le transport, afin de réduire l’impact environnemental.
— Quel rôle le sous-comité de normalisation joue-t-il dans ce processus ?
ATP : Les normes industrielles ne correspondent pas toujours aux besoins spécifiques du CERN. C’est pourquoi, en 2022, l’Organisation a créé un sous-comité de normalisation pour les matières premières métalliques. Celui-ci aide à définir les normes internes, à évaluer les besoins, à définir et mettre à jour les spécifications techniques et à élaborer des stratégies d’achat.
En plus d’élaborer des normes, nous nous tenons au courant des tendances des marchés et des innovations. Le partage de connaissances nous permet d’anticiper les changements et d’appliquer efficacement les bonnes pratiques.
Les décisions du sous-comité sont validées par le Comité de normalisation du CERN, puis communiquées à l’équipe de référencement, qui centralise et optimise les commandes en étroite coopération avec les utilisateurs. Les échanges constants entre équipes nous aident à trouver des solutions adaptées, durables et fiables. Ce processus permet d’avoir une vision d’ensemble des besoins du CERN et favorise des achats efficaces et respectueux de l’environnement.
